L’évaluation de l’âge des jeunes réfugiés

28 April 2024

Avec l’augmentation du nombre de jeunes arrivant au Luxembourg ces dernières années, il est devenu de plus en plus essentiel de s’intéresser à la manière dont est déterminée leur âge lorsqu’ils ne peuvent pas présenter de documents d’identité.

Actuellement, les autorités luxembourgeoises recourent à des examens radiographiques pour estimer l’âge des jeunes nouveaux-arrivants et leur attribuer une date de naissance jugée appropriée. Cependant, il a été constaté parmi les jeunes accompagnés par le JRS-LU qu’un grand nombre s’était vu attribuer une date de naissance identique au 01/01, et parfois même 00/00.

Il existe un réel besoin chez ces jeunes d’avoir une date de naissance cohérente avec leur histoire et leur vécu ; et a minima de pouvoir être reconnu en tant que mineur le cas échéant.

La complexité de ce problème découle de plusieurs facteurs. Tout d’abord les différences culturelles: les parents ne sont pas toujours obligés de déclarer la naissance de leurs enfants, et parfois celle-ci est faite de manière erronée dans le but de protéger les jeunes. Il y a également l’influence des passeurs, qui conseillent aux jeunes qui fuient leur pays d’origine de cacher ou même détruire leurs papiers d’identité. Il leur est aussi recommandé de se déclarer majeur à certaines frontières, tant pour leur sécurité que pour leur permettre de continuer leur route. Enfin, une fois arrivés au Luxembourg, leurs pairs vont leur faire part des différences de traitement, et des bénéfices à l’égard des mineurs. Cela peut amener certains jeunes à inventer une date de naissance qu’ils pensent être en leur faveur.

Les méthodes d’évaluation de l’âge diffèrent de manière notable au sein des pays de l’UE. Si le Luxembourg se focalise surtout sur les examens radiographiques, on peut noter dans certains pays l’existence de méthodes moins invasives, basées sur des entretiens avec les jeunes.

Ainsi, les recommandations du JRS-LU à l’égard de cette problématique sont les suivants:

  • Mettre en place de tels entretiens avec les jeunes demandeurs d’asile, et ne recourir aux examens médicaux qu’en cas de doute persistant.
  • Former des accompagnateurs pour assister les jeunes lors du premier contact avec l’administration.
  • Octroyer aux jeunes un délai suffisant pour présenter leurs documents d’identité.
  • Prendre en compte l’avis du jeune lors de l’attribution de la date de naissance, pour ne pas toujours avoir 01/01. Et surtout, en finir avec la date du 00/00, qui ne fait aucun sens.

Dans un second temps, il pourrait être bon d’envisager la prise en charge des jeunes adultes réfugiés au-delà de leur majorité, jusqu’à 21 ans au moins, afin de mieux tenir compte de leurs besoins.